En ce début du XXIe siècle, la déconsidération de la linguistique structurale et le déclin des grandes écoles linguistiques confirment l’échec des approches qui prétendaient saisir et expliquer le fonctionnement des langues à partir d’un corps centralisé d’hypothèses et de mécanismes purement inhérents à la langue. Cette perte de prestige des grandes théories linguistiques va de pair avec la multiplication des recherches dans des domaines parallèles et la prolifération des points de vue sur le langage.

L’étude des langues se développe par ailleurs de plus en plus dans des aires de recherche diversifiées, que l’on pourra concevoir comme autant d’angles d’attaque, comme autant de points de vue posés sur l’objet d’étude. Sans prétendre à l’exhaustivité, relevons entre autres :

  1. l’étude de la constitution, et de l’évolution de systèmes linguistiques dans l’histoire ;
  2. l’examen des conditions pragmatiques d’emploi des formes langagières dans des contextes spécifiques ;
  3. la construction du sens discursif et de la signification linguistique ;
  4. la prise en considération, dans ses multiples dimensions, de la variation individuelle et collective dans l’emploi social d’une langue, ainsi que des situations de contact avec d’autres langues ;
  5. le développement de modèles cognitifs et contextuels permettant de rendre compte du traitement et de la production d’énoncés ;
  6. l’analyse du processus d’appropriation d’une L1 et d’une L2 ;
  7. l’analyse des pratiques didactiques et l’exploration des procédures les plus efficaces pour enseigner la langue et pour motiver les apprenants ;
  8. l’élaboration de programmes de traitement et d’analyse automatique des données langagières ainsi que d’enseignement des langues assisté par ordinateur (ELAO).

Le foisonnement de ces différentes aires, de ces différents points de vue représente fondamentalement une richesse car il offre une opportunité de ressourcement pour la réflexion sur le fonctionnement de la langue. Le danger toutefois réside dans une progression autarcique dans les différentes aires de recherche sur des lignes parallèles de sorte que des avancées théoriques et méthodologiques réalisées dans un domaine ne sont pas discutées et intégrées dans les autres.